16 août 2011

 

Les Meusiens en Crimée (3)

Le lever se fait à cinq heures du matin pour la première excursion programmée par nos hôtes ukrainiens. A mesure que nous avançons, après avoir longé le bord de mer, nous voyons une évolution du paysage. Les premiers reliefs se présentent devant nous, nous faisons une petite pause. Ensuite une longue descente nous mène (pas tout droit) à Baktchissaraï. Le bus se gare et ce que je vois devant ressemble davantage à un minaret qu'à une fusée Soyouz. Tiens il y a des toilettes publiques payantes ; on sent la montée de la pression touristique. Ce n'est pas encore le défilé de bus de Japonais mais niveau fréquentation ça commence à donner pas mal.
Nous avons donc visité le palais des Khans avec une toute petite guide, Youri nous traduisait les explications, le tout faisait durer le plaisir. Je n'ai pas chronométré mais cela nous a paru un peu long. Je me suis marré en voyant les hauts talons de la guide. Elle me rappelait une surveillante du même gabarit que je faisais se ranger avec les mômes du collège.
Le bus nous amène ensuite vers une vallée ancaissée, rocheuse, la chaleur y est intenable. Un four à micro ondes ! Ca commence à râler dans les rangs mais les profs de danse ukrainiennes insistent tellement que nous finissons par y aller avant qu'elles ne nous lâchent des bergers allemands pour nous persuader de marcher. Et le sentier monte bien le long de la paroi rocheuse, il y a un monastère à voir au bout. J'ai pas fait la légion je ne suis donc pas spécialement entraîné pour de telles ascensions en plein cagnard mais j'ai une réserve d'eau dans le sac à dos. On visite une petite église orthodoxe taillée dans la roche après quelques modifications de la tenue pour les dames : quelque chose sur la tête, même un casque de soudeur à l'arc pourrait faire l'affaire et surtout cacher les guiboles avec un tissu à fleurs homologué bonne-soeur de la santa dolorosa tyrolienne. On y croise pas mal de pélerins qui font le signe de croix à l'envers et qui embrassent des icônes qui sont présentées en libre service pour cet usage.
Encore un petit coup de bus jusqu'à un restaurant qui est cette fois dans un bâtiment moderne comme ceux qu'on voit chez nous avec une salle qui conviendrait bien pour des repas de mariages. Pour le Khanat de Baktchissaraï ce ne serait pas abuser d'ailleurs. On a tant entendu parler des noces de Khanat ! (je vais me faire taper)
On nous avait alléchés en nous annonçant qu'on y découvrirait des spécialités Tatares (attention, les Tartares c'est un autre peuple, je n'ai pas fait de faute). En fait après les crudités de l'entrée nous avons eu droit à deux petites boulettes de viandes pommes vapeur. Pas de quoi en faire un repas de noces. La propreté des toilettes, comme le bâtiment nous a rappelé la France.
Le bus est resté en plein soleil. D'après Youri qui a mesuré, il y fait cinquante cinq degrés. Comme dans ce pays on est pauvre, le chauffeur attend que tout le monde y soit monté pour lancer le moteur et actionner la climatisation. Les vitres n'ont pas d'ouverture. Voilà comment on reperd aussitôt le kilo qu'on a pris au restaurant. Nous roulons jusqu'au bord de la mer là où se trouve un monument à la gloire de l'Armée Rouge. Celle-ci y avait mené un combat mémorable contre les nazis. Les mariages locaux y passent pour y déposer des fleurs et faire quelques photos ; on est resté très patriote dans le secteur.
Allez hop, tout le monde (ou presque) à l'eau ! Une façon plus vivable de terminer cette journée que d'aller explorer cette vallée de la mort pour y voir des maisons troglodites comme c'était prévu après le monastère.
Le soir en déposant les enfants à Razdolnoë nous faisons quelques courses dans un petit libre-service et achetons quelques glaces pour satisfaire une brutale envie de fraîcheur et notre gourmandise par la même occasion. Les caissières y sont désagréables en réclamant de la monnaie alors que ce n'est pas évident pour nous.
De retour au motel nous partageons le pain de l'amitié reçu la veille à Razdolnoë. Il fait davantage penser à de la brioche. Normalement ce qui était prévu pour la suite c'était d'être reçu dans les familles d'accueil de nos enfants, on doit venir nous chercher. Nous avons attendu un certain temps à cause d'un malentendu mais nous vîmes soudain Eugénie nous rejoindre au motel avec Anastasia. Euh, nous allons être combien dans la voiture ? Pas de problème. Sergueï nous attend devant l'entrée avec sa Lada. Nous partons donc à six : l'aventure c'est l'aventuuuuuureuh ! Nous ne mettons pas la ceinture de sécurité, on ne sait jamais ça pourrait vexer le chauffeur, lui montrer un certain manque de confiance. Le temps d'arriver chez lui il fait nuit donc il n'est pas possible d'avoir un aperçu de sa maison. La porte d'entrée est une planche et nous gravissons un escalier qu'on voit chez nous dans les anciens greniers tout en planches. L'appartement est quant à lui très correct, nous sommes chez quelqu'un qui gagne correctement sa vie pour la région. Comme nous l'avait dit Anastasia, il est plombier et a donc des aptitudes manuelles pour améliorer son cadre de vie. Nous apprendrons par la suite que les autres jeunes Français n'ont pas eu la chance d'Eugénie. Ils ont une belle salle de bains et leur cuisine est la même que celle du ménage occidental moyen. Il y a bien une télé sur le four à micro ondes pour ne pas louper un épisode des feux de l'amour (Молоді та зухвалі). Le salon assez grand est bien équipé en matériel audio visuel et informatique contre un pan de mur et paraît un peu vide avec de l'autre côté une banquette et un fauteuil.
Nous avons donc mangé dans la cuisine un peu serrés. Mais je peux vous assurer que nous nous sommes régalés ! J'avais peur que Sergueï me pousse à boire, crainte superflue, il aime le coca. En entrée salade russe, puis une spécialité à base de fromage et pour couronner tout ça, le fameux chachlik. J'avais vu ça dans un reportage à la télé. Quand un Russe (ils sont d'origine russe) t'invite à y goûter c'est qu'il met le paquet. Surtout en Crimée et je me suis demandé où il avait pu trouver la viande. Ensuite nous sommes passés voir l'ordinateur grâce auquel on avait pu communiquer avec eux. Une belle machine ! Ils nous ont montré des photos d'endroits où ils aimeraient nous emmener grâce à une deuxième voiture. Il y a des endroits fabuleux, vraiment pittoresques. Puis nous avons lancé Skype et pu après plusieurs essais joindre Romain qui était chez des copains. Comme ça nous avons pu lui donner quelques nouvelles.
Nos échanges ont été chaleureux avec la famille de Nastia (diminutif d'Anastasia) malgré la barrière de la langue ; heureusement la maman parle un peu Anglais et puis nous avions le traducteur fourni par l'ordinateur avec ses résultats parfois un peu cocasses mais exploitables. Anastasia a une petite soeur, Maria, ce qui donne Macha qui lui ressemble beaucoup et un petit frère Tiomas. Nous nous sommes donc promis de nous revoir. Sergueï nous ramène au motel avec sa voiture en passant un court instant par la station-service toute neuve qui reste allumée assez tard, je suppose. En fait il a dû prendre la quantité d'essence nécessaire pour faire cet aller-retour. Comme la plupart de ses concitoyens il calcule tout au plus juste pour ses dépenses.
Je ne connais pas beaucoup le son de sa voix à Sergueï ! Il est du genre timide.
Voilà une journée qui s'est terminée assez tard, heureusement le lendemain nous ne faisons pas de longue sortie.

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