16 août 2011

 

Les Meusiens en Crimée (4)

Jeudi :
ce matin là je me sens un peu barbouillé mais rien de grave et de toute façon c'est une journée de repos, plutôt bienvenue après la cuisson que nous avons subie la veille. Le matin est consacré à des tâches liées à la propreté et ça nous permet de converser avec nos compagnons de voyage. A midi nous allons pratiquement tous au petit restau du hameau. On nous sert un petit bortsch au chou rouge puis du riz avec de la viande mais je ne suis pas allé jusque là. Je suis sorti et j'ai à peine eu le temps de faire quelques pas avant d'envoyer un geyser droit devant moi. Un employé est sorti aussitôt à mon secours pour m'aider à laver mes mains et raffraîchir ma tête avec de l'eau fraîche. Spaciba karacho, que je lui fais !
Nous rentrons au motel et là je m'exprime avec davantage de franchise dans la cuvette des toilettes de notre chambre. Agnès affolée court aussitôt chercher le médecin du groupe qui occupe la chambre en face. Il m'examine et me donne aussitôt un remède. En tout cas il va falloir se reposer et boire beaucoup. Lucie n'est pas en forme non plus.
Le petit vent qui vient de la mer nous fait du bien. Nous passons la fin de l'après-midi sur la plage. A notre retour Anne nous a rapporté un thermomètre médical et le médecin est revenu nous voir. Nous sommes bien entourés pour le coup !
La nuit suivante un orage s'est abattu sur notre village avec de bonnes averses, on se prend à espérer que cela apportera un peu de fraîcheur tout en se disant que ce n'est pas ça qui va détraquer le temps pour trois semaines comme en France.

Vendredi :
ce matin on ressent un bon petit vent qui nous soulage un peu. Le temps est très beau, le ciel bien dégagé comme s'il ne s'était rien passé. Je vais mieux mais pour Lucie ce n'est pas encore ça.
Nous nous promenons dans le hameau le matin, récupérons Eugénie et allons à notre petit restau. A côté de celui-ci quelques commerçants saisonniers étalent des souvenirs du genre cochonneries en coquillages dont les vacanciers russes ou ukrainiens raffolent. J'ai surtout apprécié les serviettes et les tshirts marqués CCCP et les petits bateaux qu'on trouvait chez nous quand j'étais gamin. Ils ont un petit moteur électrique à pile et au moins imitent un peu les vrais. J'ai même trouvé un petit sous marin.
L'après midi petit tour à la plage. J'ai aimé le stand de tir qui s'y trouve mais je me suis étonné de voir le type qui le tient faire une démonstration de son adresse ou de la précision de ses armes en se tenant quelque mètres devant pour viser les cibles. Et cela avec des mômes intéressés plantés en avant de lui pour voir le résultat. Je suis allé voir ça de plus près quand le gars avait réintégré son stand juste pour suivre les exploits d'une gamine qui devait avoir cinq ou six ans à tout casser tenir une Kalachnikoff et descendre une rangée de canettes sous les yeux de son père qui , l'encourageait avec des "davaï !". Le calibre a beau être celui d'un tir de foire, il faut quand-même mettre au bout comme on dit !
En rentrant nous passons au magasin d'Etat (je ne sais pas quel est son statut maintenant) pour nous ravitailler un peu. J'aime voir les vendeuses utiliser ces vieilles balances blanches des années cinquante et nous faire le total avec un boulier en quelques secondes puis taper le résultat sur une calculette pour nous le montrer. J'ai remarqué que tous les commerçants du coin ont le même modèle de calculette. Ils ont dû toucher une dotation juste avant l'effondrement de leur système, qui sait ? Tiens, je me rappelle même du total : trente hrivnias et cinquante kopeks, montant que la babouchka a écrit sur un morceau de papier, parce que les calculettes, ces machines modernes sont des diableries pour elle. C'est une autre culture.
Le soir, ceux qui y sont allés nous parlent de Sébastopol. Une chose les a choqués : ils allaient visiter un musée où se trouve une grande fresque qui représente la prise de cette ville en 1855 par les alliés (la France, l'Angleterre et la Turquie entre autres). Quand ils ont su que les visiteurs étaient des Français ils ont exigé qu'ils paient l'entrée à double tarif. Dans ce pays ils sont plus rancuniers que dans les chemins de fer !

Samedi :
Nous avons dormi à quatre dans notre chambre, juste pour cette nuit. La famille de Nastia avait peur mais ne devait pas se faire de souci. Eugénie y était très bien. Elle allait y retourner. Ca la faisait rire de voir mon bronzage ou plutôt ma rougeur en forme de marcel, seul vêtement que je supportais par cette chaleur.
Avec mon portable je me suis amusé à explorer la bande FM pour voir combien de stations on reçoit dans cette région. En fait j'en ai capté une seule, ça parlait tout le temps, donc sans intérêt. Ensuite je me suis dit que dans ce pays on n'utilise pas forcément les mêmes plages de fréquences pour les médias que chez nous et que si ça se trouve j'ai écouté ce qui se dit sur un porte-avions ?
Le bus vient nous chercher et nous allons faire un tour de marché à Razdolnoë.
Le premier stand à attirer notre attention étalait entre autres des articles de papeterie. La vendeuse avait un regard maussade parce que j'avais montré à Lucie en riant un éventail qui était déjà abîmé sur l'éventaire. Lulu lui a acheté un cahier dont l'intérêt est d'avoir des lignes différentes de ce qu'on voit chez nous. Moi je me suis acheté un rouleau de PQ. Parce que celui-là il est spécial. Il n'y a pas de moyeu en carton au milieu ce qui fait que je me demande comment ils les fabriquent. A côté de ça le marché fait aussi un peu brocante. On y trouve de quoi faire la joie du bricoleur, de la quincaillerie, des articles ménagers. C'est très fouillis.
Pendant que nous y étions, un truc m'a fait marrer : un type avait garé sa voiture près de l'entrée, c'est interdit. La police est là, c'est la première fois qu'on la voit. Bon le gars va un peu dans leur voiture puis ils reviennent tous les deux. Le policier a un décamètre, il en donne l'extrémité au contrevenant qui la tient contre sa voiture et le déroule jusque devant l'entrée du marché pour mesurer la distance à inscrire sur le PV. L'autre coopère calmement. Pas un mot au dessus de l'autre ! Sont stoïques dans le coin ! La voiture des policiers est récente, en bon état, ils alignent les voitures mal garées près du marché, voilà leur côté moderne, ils ont vite fait de faire comme chez nous pour rentrer de l'argent dans les caisses.
Après ça pourquoi pas faire un tour à l'église toute récente de la ville. A côté de cet édifice le cimetière a d'abord retenu notre attention. Il est peu entretenu. Certaines tombes sont noyées dans la verdure, il faudrait une machette pour se frayer un chemin vers elles. L'entrée est occupée par un énorme monument à la gloire de l'armée rouge.
Devant l'église nous remarquons une icône qui représente St Cyril et St Méthode qui tiennent dans la main un parchemin avec le fruit de leur travail, le fameux alphabet cyrilique, et oui !
A l'intérieur de l'église quelques personnes participent à une cérémonie, il s'agit de plusieurs baptèmes qui sont regroupés pour cette matinée. On voit le pope qui emmène des bébés derrière l'autel par une petite porte et qui revient par une autre ouverture de l'autre côté. Mais c'est juste pour les garçons. Les bébés sont plongés dans une petite baignoire, ils y boivent la première tasse de leur vie. Les fidèles repartent et nous pouvons nous entretenir avec le pope qui nous donne les explications que Youri nous traduit aussitôt. Visiblement il soufre de la chaleur avec sa tenue prévue pour évangéliser la Sibérie mais pas pour des lieux aussi caniculaires. Il s'éponge le front sans cesse. Je crois que ce genre d'édifice religieux convient bien aux geeks avec toutes ces icônes qui donnent envie de cliquer. Dans un coin de l'église se trouve une petite boutique où nous pouvons acheter quelques souvenirs. Les vendeurs (religieux ou non) ont le sourire. C'est que la construction puis la décoration et l'entretien de ce genre de bâtiment doivent coûter bonbon.
Puis nous visitons le jardin qui en est encore à la mise en place avec des fruitiers qui semblent prometteurs. Nous goûtons au cassis local.
Nous gagnons le restaurant qui nous est réservé dans cette ville et qui s'avère plutôt sympa si on n'est pas dérangé par le grand poste de télé à écran plat qui diffuse des clips musicaux. Ils sont du genre à montrer des types au style plutôt mafieux et des femmes dont la profession correspond à une carrière toute tracée si vous voyez ce que je veux dire.
Le mobilier me plaisait bien aussi. On s'asseoit sur des bancs ou des chaises fabriqués à partir de quartiers de bois, ça doit faire son poids ça madame ! Et ça nous fait penser à quelqu'un qui travaille le bois pour réaliser des étagères taillées dans la masse. Je vous le recommande.
Et ce qui était servi nous a plu : des escalopes avec une couche d'omelette à la tomate, pas mauvais du tout.
Nous ressortons, quelques uns ont besoin d'aller à la banque changer de l'argent. Nous croisons un mariage qui a arrêté son cortège de trois voitures pour aller faire quelques photos près de la statue de Lénine. Nous les rejoignons et faisons quelques photos de certains invités qui portent de belles écharpes brodées très finement. Ils posent pour nous avec beaucoup de gentillesse et de grands sourires. En regagnant la place nous voyons notre bus repartir tranquillement pendant que les passagers de l'arrière nous font au revoir avec beaucoup d'humour. Rien de grave ils nous avaient oubliés. Mais nous avons rattrapé le bus qui nous attendait un peu plus loin. On se marre !
L'après-midi au motel est consacré à une de ces siestes réparatrices pour lesquelles la chaleur nous fournit un bon prétexte. Avant d'aller à la mer il faut que je pense à me mettre de la crème solaire si je ne veux pas ressembler à une chipolata le soir. Au moment d'y aller nous voyons Eugénie arriver avec Nastia et sa famille. Des amis à eux nous rejoignent et nous partons à deux voitures vers une autre plage isolée après avoir roulé sur des pistes où l'arrière tape parfois du bas de caisse. Mais bon, la Lada c'est du costaud. Baignade en famille dans une eau toujours aussi chaude. Sergueï et Nastia se sont amusés à plonger pour pêcher des bernard lermites qu'on s'est amusé ensuite à photographier de près pour essayer cette fonction des appareils.
Nous leur avons montré notre motel et nous avons bien progressé sur le plan de la communication grâce aux progrès que nous faisons pour utiliser les gestes. Le mime Marceau en ferait un complexe.

Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?