31 août 2011

 

Les Meusiens en Crimée (6)

Mardi :
Départ à cinq heures trente du matin pour Yalta, la destination la plus lointaine de la série d'excursions. On s'attend à avoir une longue journée avec son lot d'épreuves dont la chaleur n'est pas la moindre. A Razdolnoë notre bus rejoint l'autre plus petit mais assez confortable pour les normes ukrainiennes. Nous allons en principe le suivre toute la journée ; il secoue, euh pardon, il transporte les élèves ukrainiens et leurs profs de danse.
Après deux heures de cahots sur ces fameuses routes de Crimée, la première pause pipi impose à chacun de se trouver une portion de haie suffisante pour espérer garantir un peu d'intimité lors de la satisfaction de nos besoins naturels.
On repart. Plus loin près d'un rond-point à l'entrée d'une agglomération d'importance nous voyons le premier bus à l'arrêt sur une aire de station-service. Notre chauffeur ne l'a pas vu, entre sur le rond-point, hésite un peu puis entreprend de suivre un bus dont on voit assez vite que s'il est semblable à celui que nous avions suivi a un comportement tout autre : il s'arrête régulièrement. A chaque arrêt des gens en descendent, d'autres y montent, c'est un bus de ligne urbaine à n'en point douter et nous autres citoyens occidentaux sommes habitués à voir des véhicules s'arrêter régulièrement à des endroits repérables grâce à quelques équipements sommaires mais répétitifs qu'on appelle vulgairement des arrêts de bus. Notre chauffeur, visiblement ne doit pas être rôdé à ces coutumes puisqu'il suit l'autre bus en marquant les arrêts derrière lui et des gens faisaient signe pour qu'il ouvre les portes afin de monter à leur tour. Après plusieurs arrêts, des rouages doivent commencer à grincer dans sa tête puisqu'il se met à hésiter. Enfin il finit par faire demi-tour et rejoindre le premier autocar. Nous faisons alors une deuxième pause agrémentée cette fois d'un café et de viennoiseries pour les plus rapides.
C'est reparti. Bientôt les reliefs commencent à apparaître devant nous. Là le paysage devient vraiment extraordinaire, il était juste dommage que la route ne comportait pas de portions aménagées pour s'arrêter un peu, le temps de prendre quelques photos. Un détail dans le paysage nous a aussi amené à réagir : sur le bord de la route on voyait régulièrement des voitures de Police avec des, mince ! Oui, des policiers qui montaient la garde avec leurs petites radios portables. On se noyait dans les conjectures lorsque Youri notre interprête nous donna la solution : ils montent la garde devant les entrées des propriétés appartenant aux personnalités du pays. Quand je vous disais que ce pays est en avance sur nous. Leur police est déjà privatisée.
Nous parvenons à proximité du lieu de notre première visite : le palais Vorontsof. Il est près de midi.
Notre bus s'est retrouvé engagé dans de petites rues pas du tout prévues pour la circulation de tels engins, il est de notoriété publique que les habitants du secteur se souviendront longtemps de l'embouteillage qu'il a provoqué en tentant de s'en sortir par une marche arrière historique.
Le temps d'acheter les billets pour la première visite, nous pénétrons dans cette vaste demeure. Nous visitons les jardins. Youri tenait tant à nous montrer un "lac" artificiel que nous l'avons suivi jusque là pour voir une mare avec quelques poissons qui tournent dans le sens que leur ont désigné les forces de Coriolis dont chacun sait qu'elles résultent de la rotation de la terre. De ce fait nous oublions une autre rotation celle des aiguilles de la montre. Après avoir vu de l'autre côté des jardins un superbe lieu de stationnement prévu pour le stationnement des bus, nous envisageons de retrouver le nôtre. On ne va pas entrer dans les détails, disons que le petit autocar nous a servi de navette pour nous ramener au gros.
Notre véhicule terrestre entreprend l'ascension de cette Chaîne Taurique qui barre le sud de la péninsule jusqu'à l'entrée d'un restaurant de tourisme disposant de terrasses bien sympathiques. C'est d'ailleurs tout ce qu'il a cet établissement, avec les serveurs qui semblaient se marrer par moment à nous voir faire. Il était temps d'ailleurs car notre engin de transport de troupes commençait à donner des signes de fatigue intense comme l'odeur qui s'en dégageait.
Justement, moi aussi, rien que d'évoquer ce moment je me sens las tout à coup. Je m'accorde également une petite pause.
..........................................................................................................................................
Ouf, ça va mieux !
Nous sommes assis, on demande : qui veut manger ? Nous levons tous le doigt car nous sommes moins décidés à jouer au 4-21, vu lheure qu'il est. Autour de seize heures. En France, à part les fast foods, on ne sert plus dans les restaurants. On nous annonce ensuite les tarifs des repas et comme nous sommes dans une zone touristique, le boeuf qui nous sera servi n'a mangé que des trèfles à quatre feuilles pour être à ce prix là. La moitié déclare forfait, les autres entament une longue attente, le boeuf n'étant pas encore tué. Les portions sont telles qu'on imagine que le cuisinier travaille avec des pinces à épiler pour retourner la viande.
On reprend la route dans la montagne, vu l'heure on a décidé de ne faire que passer devant chaque point intéressant de façon à pouvoir raconter qu'on y a été. Puis finalement on décide de se poser dans Yalta pour au moins voir la ville et faire éventuellement quelques achats. Notre carcasse roulante nous dépose plutôt en haut de la ville et on ne peut même pas aller jusqu'au bord de la mer, c'est trop loin. En fait on procède plutôt au ravitaillement : boisson plus un truc à grignoter.
Et hop on entame le chemin du retour. La nuit arrive vite nous roulons encore un long moment dans la montagne avant de perdre le contact visuel avec le paysage. Notre charette à rideaux tout neufs commence vraiment à peiner au point que le chauffeur doit l'arrêter sur le bord de la route et comme il ne peut nous donner d'explications nous commençons à nous demander comment nous allons nous organiser pour le rapatriement.
Tant bien que mal nous sommes quand-même revenus au motel mais fatigués par la chaleur et les marches autant que les temps passés à piétiner avant la visite. Finalement, vu le temps passé au total pour la sortie, nous n'avons pas vu grand chose. L'organisation a besoin d'être revue sérieusement pour réduire les temps morts, surtout par cette chaleur.
Inutile d'insister pour retenir les nombreuses discussions préalables à cette sortie. Le mal qu'il a fallu pour se mettre d'accord et pour aller à Yalta, un comble !

Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?